Quelques témoignages de « la vie au MALTT »
Nota bene : avant l’application de la réforme dite de « Bologne » (1999), le Master MALTT était un diplôme de troisième cycle, appelé « STAF ». Certains témoignages datent de cette époque et se réfèrent donc à la formation « STAF ».
« Une relation à l’autre différente qui constitue probablement la base de l’apprentissage », telle fut la découverte de Alain pendant sa formation STAF, au-delà des compétences théoriques et opérationnelles recherchées.
Veille professionnelle
« Dans mon métier de formateur en informatique, j’ai pris conscience, il y a quelque temps, que je ne pouvais négliger la formation à distance. Celle-ci devient de plus en plus présente et commence à atteindre une certaine maturité, aussi bien du point de vue des outils et des méthodes que par son accueil auprès des entreprises. »
Des attentes précises
« Mon orientation étant globalement professionnelle, j’ai cherché à obtenir des compétences opérationnelles, c’est en cela que la formation STAF m’intéressait. Seule m’inquiétait sa dimension académique. Étant donné que j’avais quitté l’université depuis de nombreuses années, je me demandais si je serais capable de supporter ce type de structure et si je pourrais m’y intégrer. Je cherchais par ailleurs à acquérir des compétences théoriques dans le domaine des sciences de l’éducation afin de pouvoir un peu « décoller » de la pratique de terrain et prendre un peu de recul. De ce point de vue, je pense que le challenge est réussi. »
Une charge de travail conséquente
« J’ai constaté que mes compétences techniques et organisationnelles me permettaient de « tenir la charge » malgré mon activité professionnelle, je n’aurais toutefois pas cru au départ être obligé à ce point de réduire mes ambitions sur chacun des projets par manque de temps, afin de les mener à bien dans des conditions acceptables. »
Une richesse inattendue des idées et des relations
« Alors que c’était un aspect que je n’avais pas envisagé, voire même négligé au départ, la convivialité inhérente à ce type de formation d’un niveau assez élevé, en petit groupe, constitue un véritable plaisir. Les rencontres furent pour moi une source de renouvellement et parfois même de remise en question. N’est ce pas aussi, au fond, le but d’une formation ? Au-delà du savoir, des outils des méthodes, une relation à l’autre différente constitue probablement la base de l’apprentissage. Comme quoi, le fait de passer de l’autre côté du miroir ne peut être qu’une expérience enrichissante à tous les niveaux, professionnel, intellectuel, personnel et affectif. Il est stimulant et passionnant de se retrouver plongé dans un bouillonnement d’idées et de projets. La relation enseignant/étudiant est d’une grande richesse, et je suis toujours surpris de leur disponibilité à nos demandes, alors que l’enseignement dans le fonctionnement universitaire ne représente qu’une fraction minime de leur activité. »
Un environnement technique réaliste ?
« Je me suis retrouvé dans un environnement technique qui me plaît et où j’ai rapidement retrouvé mes marques, malgré sa particularité. Je trouve les conditions techniques excellentes, même si les tendances universitaires dominent (refus des positions dominantes, utilisation de l’Open Source). En réalité, ces choix ne me dérangent pas en tant que tels et sont même parfaitement défendables (qui défendra ces technologies si l’Université ne le fait pas ?). Mais cela introduit un biais dans la formation qui fait que les étudiants ne connaissent pas au final les outils standards du marché au profit d’outils confidentiels (cf Authorware vs Director) »
Les impératifs professionnels
« La perturbation familiale que la charge de travail nécessaire a provoquée. La frustration de ne pouvoir dépasser le stade du survol des domaines abordés non parce que la charge de travail est excessive mais parce que mes impératifs professionnels et familiaux ne m’en laissent pas le loisir. Certains enseignements où le niveau est tellement bas que je me demande à quoi il peut bien servir (STAF 13). Il me paraît urgent de remédier à cela, car pour avoir été à la fois enseignant et producteur dans le domaine, le soi-disant savoir-faire acquis (pour ce que j’en ai vu auprès des autres étudiants) est invendable sur le marché. »
Unifier les enseignements
« Même si l’objectif est d’immerger les étudiants, dans une certaine mesure, dans une recherche en marche, je trouve qu’une certaine unification de l’ensemble pourrait être profitable à l’ensemble du dispositif. L’ héritage universitaire du découpage en modules indépendants et autogérés par l’enseignant responsable, selon la personnalité et les méthodes de chacun, peut laisser apparaître une énorme dispersion. Celle-ci me paraît préjudiciable à l’apprentissage. »
Marcos Aristides finit sa première année «avec le sentiment d’avoir beaucoup avancé». Musicien et professeur, il connaît bien « la relation très étroite » entre la musique et les techniques, et mesure la progression des « technologies de l’information » dans son univers. Cependant, avant de les intégrer comme « support d’un projet pédagogique musical », il faut savoir « manier ces outils. »
Il y a beaucoup de musiciens attirés par les technologies de l’information et cela doit venir du fait que la musique a depuis toujours noué une relation très étroite avec les techniques et les technologies. D’ailleurs, je pense que les luthiers et tous les autres constructeurs d’instruments pourront témoigner de cette complicité. »
Musique et Raisons
« Dans les contextes où j’exerce mes activités de musicien et de professeur de musique, les technologies de l’information ont pris une place très importante : informatique musicale, cd-rom, internet, etc. Cela ne présente plus du tout un obstacle pour les nouvelles générations, au contraire, les jeunes en font usage couramment. Je pense que ces technologies peuvent être le support d’un projet pédagogique-musical puisqu’elles font partie de la réalité des gens à qui on prétend enseigner. Bien sûr, toute ressemblance avec la pensée du compatriote et pédagogue Paulo Freire n’est pas une simple coïncidence. Cependant, pour s’engager dans un projet pédagogique qui sous-entend l’usage de technologies, il faut encore savoir manier ces outils ainsi que les mettre ensemble de façon systématique pour servir à l’apprentissage. Ce sont là les raisons qui m’ont amené à vouloir faire le diplôme STAF. »
Collaboration plutôt que compétition
« Une fois engagé dans le programme des cours, ma première surprise a été le volume de choses inattendues à apprendre : html, principes de programmation, questionnaire de base anthropologique pour la construction de site internet, réalisation d’un site à partir de ces questionnaires etc. Tout cela représente beaucoup de travail pour tout le monde, mais c’est simplement épouvantable pour quelqu’un qui ne s’attendait qu’à des séminaires où on allait apprendre à enseigner dans des plate-formes éducatives. La situation se montrait presque désespérante. Mais la bonne surprise a été que ceux qui avaient plus de background technique venaient volontiers à l’aide et que ce genre d’attitude était très encouragée par les professeurs comme par les assistants, qui eux aussi se mettaient à disposition. Dans ce contexte, le concept d’apprentissage collaboratif prends tout son sens et, à mon avis, le même volume de connaissances ne pourrait pas être appris dans un cadre d’apprentissage compétitif, le moral n’y résisterait pas. Plus tard, dans l’année on a travaillé les sujets pédagogiques avec lesquels je me sens plus à l’aise et j’ai trouvé mon équilibre dans le cours. »
Clarifier les objectifs
« Cependant, même si les choses se sont organisées dans mon esprit au bout d’un moment, je considère que la répartition des disciplines dans l’année pourrait être revue. Le volume des sujets techniques du début du cours est beaucoup plus importante que le volume de sujets pédagogiques et je crois que cela ne reflète pas la réalité du diplôme STAF qui vise surtout une approche pédagogique des technologies de l’information avec l’ accent mis sur la recherche et cela, à mon avis, devrait être clair dès le départ. »
Des réalisations et une année satisfaisantes
« J’aimerais conclure ce témoignage en disant ma satisfaction au niveau de la prise en charge des sujets musicaux. Le site de support pour apprentissage de la guitare (STAF 12), le cd-rom d’accordage (STAF 16) ainsi que le dispositif d’éveil musical sont toutes des réalisations qui m’ont beaucoup appris sur l’éducation musicale avec usage des technologies. A part cela, toutes mes propositions ont été prises en compte, soit au niveau pédagogique, soit au niveau technique, et j’ai fini cette première année avec le sentiment d’avoir beaucoup avancé. »
Pour Stéphane Lattion, la formation du STAF [ancien nom du diplôme] « a tout changé (…) ou presque » dans son expérience d’apprenant. A la recherche d’un troisième cycle et de compétences à faire valoir sur le marché du travail, il n’en attendait peut-être pas tant…
A la recherche d’un troisième cycle
« Je me suis inscrit à cette formation parce que rentrer sur le marché du travail sans 3e cycle, comme psychologue clinique me paraissait compromis, je cherchais donc une solution quand vint le cours de 2e cycle « apprentissage et environnement informatiques » du professeur Dillenbourg. Le cours retraçait 6 types de logiciels informatiques et nous devions réfléchir à leur pertinence dans le cas d’un exemple concret. J’ai tout de suite accroché sur le principe. Je l’ai questionné sur STAF et chaque point de comparaison entre ce diplôme et le DESS de psychologie clinique se trouvait à l’avantage de STAF. J’en attendais une période transitoire de ma vie ,à mi-chemin entre l’étudiant et le travailleur, apprenant des aspects concrets, des compétences que je pourrais faire valoir sur le marché du travail après coup. J’y ai trouvé ces points, mais tellement plus encore : des cours articulés autour de projets concrets, des enseignants plus tuteurs, plus interactifs, plus à l’écoute. J’y ai développé des compétences informatiques, de management de projet et aussi de travail en réelle collaboration. »
Un diplôme exigeant
« Il est clair que la charge de travail est importante et qu’il faut apprendre à demander de l’aide si l’on ne veut pas se retrouver rapidement débordé. Le travail à distance peut provoquer un sentiment d’abandon et de solitude, il faut donc veiller à toujours se trouver en contact avec le reste de la volée. Les points négatifs sont de l’ordre de tous ceux que l’on trouve dans les diplômes de ce type, qui se veulent plus ancrés dans la réalité. Ils n’arrivent pas complétement à nous sortir de ce cocon que procure son environnement : l’arrivée en entreprise recèle donc son lot de surprises plus ou moins agréables. C’est paradoxalement aussi un point fort, car on apprend un certain nombre de choses dans les premières expériences, puis on réitère celles-ci avec en plus les difficultés de l’entreprise. »
Apprendre pour devenir autonome
« Cette formation a tout changé pour moi ou presque… J’ai appris à apprendre. J’ai appris à réfléchir, à confronter les sources de savoir, à les mettre en difficultés parfois, à me faire ma propre idée des choses via des sources externes et « neutres ». J’ai appris à me fixer des buts et des limites réalistes et réalisables, et à les tenir. Enfin, j’ai appris à travailler en collaboration, ce qui m’a paradoxalement permis d’acquérir plus d’autonomie. »